un jour, une description, les recommencées

2 mars 2021

Une femme qui paraît avoir une soixantaine d’années à la terrasse d’un café. Elle est tellement apprêtée qu’elle en paraît déguisée. Tailleur serré, très hauts talons, coiffure blonde laquée, maquillage outrancier, tulles, dentelles et de nombreux bijoux, lui font un costume dont elle joue et qui fait partie du personnage. Elle s’approche en marchant lentement vers une table où deux messieurs de son âge boivent un verre de vin blanc. Elle les salue sans les embrasser et garde son masque et ses volumineuses lunettes de soleil pour parler avec eux. Ils échangent à propos du marché, d’amis en commun, ils se donnent des nouvelles, et puis l’un des deux la complimente sur sa tenue et sa forme. Immédiatement, elle se redresse, leur sourit et se met à leur renvoyer la pareille, disant qu’il sont « encore verts pour leur âge », « qu’ils doivent faire des ravages ». Ils plaisantent comme cela pendant un moment mais on sent bien qu’elle est sérieuse alors qu’eux sont au bord de la moquerie. Elle les salue et s’en va en faisant très attention à sa démarche comme si elle était sûre qu’ils vont la regarder partir. Quand elle s’est éloignée, l’un des deux hommes dit « on aurait quand même pu lui proposer de s’assoir avec nous, non ? », l’autre répond « mais, ça va pas la tête ? ». Ils rient mais avec une certaine gêne sentant la cruauté passagère dont ils ont fait preuve et qu’il veulent vite oublier. 

Un jour, une description, le 3 octobre