un jour, une description, les recommencées

23 novembre 2020

Une toute petite échoppe à l’entrée d’un marché couvert où l’on vend des spécialités antillaises. Quand on voit les deux allées et les magasins alignés, on a l’impression que son étal s’est glissé là et peu à peu a réussi à se faire une place. Il détonne entre les charcuteries italiennes, boucheries, volaillers, crèmeries, poissonneries, c’est le seul magasin où on fait de la cuisine, et antillaise, en plus. Son patron est une figure de ce petit marché : grand, volubile, interpellant les chalands, les autres commerçants, on le remarque tout de suite. Il parle d’autant plus que souvent ses clients doivent attendre que les accras cuisent et il leur fait la conversation, parfois certains commandent un rhum qu’il boit avec eux. Il est très drôle, trouve un surnom à tout le monde de manière gentille, moqueuse parfois, mais jamais méchante ou méprisante. On sent pourtant souvent des tensions, des réflexions notamment de certains commerçants qui ne se montrent avec lui jamais ouvertement racistes mais se permettent des remarques notamment sur l’odeur de sa cuisine. Il répond vertement mais toujours en souriant. On pressent qu’il a l’habitude et que si parfois, on pense qu’il en fait trop, on se dit que c’est sa manière à lui de se défendre et d’avoir trouvé et fait sa place, juste au seuil. 

Un jour, une description, le 26 juillet